Transcription
Kamory Keita: Bonjour et bienvenue à @FrontièreCan, un balado qui offre un aperçu des méthodes de travail de l'Agence des services frontaliers du Canada pour protéger et améliorer la vie des Canadiens et des voyageurs qui traversent la frontière du pays. Je suis votre animateur Kamory Keita.
Nous tenons à souligner que nous enregistrons cet épisode sur un territoire autochtone qui n'a jamais été cédé. Nous reconnaissons les nations Abénakis, Haudenosaunee, Huron-Wendat et Kanien'héhá: ka comme gardiennes des terres et des eaux sur lesquelles nous nous réunissons aujourd'hui. Montréal est historiquement connue comme un lieu de rassemblement pour de nombreuses Premières Nations et aujourd'hui, une population autochtone diversifiée y réside. C'est dans le respect des liens avec le passé, le présent et l'avenir que nous reconnaissons les relations continues entre les peuples autochtones et notre communauté.
Bonjour et bienvenue dans le balado de la @FrontièreCan. Je suis Keita Kamory, et je serai votre animateur pour ce balado. Aujourd'hui, nous allons parler d'un sujet très passionnant : les chiens détecteurs dans l'Agence des Services Frontaliers. Nous avons en notre compagnie M. Ryan Gamble, qui est maître-chien, et M. Jean Brochu, qui est le superviseur des programmes de formation des chiens détecteurs à Rigaud. Bonjour à vous deux et merci pour votre présence.
Jean Brochu: Bonjour. C'est un plaisir d'être ici.
Kamory Keita: Bonjour Ryan.
Ryan Gamble: Bonjour. Comment ça va?
Kamory Keita: Aujourd'hui, on parle des chiens détecteurs. Mais la première des questions que je me pose, c'est pourquoi le chien, parmi tous les animaux domestiques qui existent sur la Terre?
Jean Brochu: Évidemment, le chien a un des odorats les plus développés dans le monde animal. Et puis une deuxième raison, c'est que parmi les chiens, il y a des races, plus spécifiquement donc, qui ont un instinct de chasse au niveau du désir de chasser, de rapporter naturellement, comparativement à d'autres races.
Kamory Keita: Maintenant, ma question, c'est comment vous recrutez vos chiens pour le cadre du travail?
Jean Brochu: Comment qu’on recrute nos chien? Comme je l'ai dit tantôt, il y a des races de chiens qui ont les habiletés de chasse plus que d'autres. Donc, l'Agence des Services Frontaliers favorise les races de chasse telles que le labrador retriever, le golden retriever, le Chesapeake Bay retriever… Toutes des lignées de chiens de chasse, qui ont un désir de chasse inné en eux, et c'est une des caractéristiques qu'on regarde principalement, avant même d'aller voir un chien. On fait de petits tests, de petites vérifications au niveau de sa socialisation, que le chien n'a pas d'agressivité, que le chien a une belle agilité, que le chien n'a pas peur de l'humain, qu'il y a été exposé dans son jeune âge, dans son adolescence, pour bien réagir dans tous les contextes. S'il se rend juste qu'à faire une formation avec un maître.
Kamory Keita: Donc, si j'ai bien compris, il y a des chiens qui sont faits pour le travail en fait, et qui aiment ce type de travail, c'est bien ça?
Jean Brochu: Exactement. Comme les races que j'ai citées tantôt, lorsque le chien a un désir de rapporter naturellement, un désir de chasser, ça c'est un des critères et on voit avec les autres jusqu'au moment de le ramener au centre.
Kamory Keita: Maintenant, est-ce que vous pouvez nous dire comment se passe la formation du chien?
Jean Brochu: Juste un petit peu avant la formation de chien, il y a un examen rigoureux qui se fait en clinique vétérinaire. Donc on radiographie les hanches, pour savoir s'il a une dysplasie des hanches, on fait un bilan sanguin, voir s'il y a des maladies potentielles au niveau de son sang. Et on fait aussi un examen général, s'il n'y a pas de malformation ou ou quelconque. Ça, c'est primordial avant qu'on commence la formation. La formation commence dès qu'on le voit, donc avant qu'on l'amène au centre, on fait une bonne vérification qu'il réponde au moins aux critères de base. Mais une fois au centre, on se met à l'emmener dans les environnements réels de travail, donc on l'amène à l'aéroport Montréal-Trudeau, on l'amène à des bureaux terrestres, on l'amène au port de Montréal voir comment il se compose avec les bruits et les différentes distractions dans différents types d'environnements. Et évidemment, lorsque l'entraînement va avancer, il faut que le chien demeure toujours confortable dans tous ces environnements et reproduit un peu ce qu'on a vu à la base, quand on a évalué le chien chez son propriétaire ou chez l'éleveur.
Kamory Keita: Et à partir de quel âge vous prenez les chiens?
Jean Brochu: Les chiens comme l'humain, c'est… Il y en a qui maturent plus rapidement que d'autres. Donc l'âge varie entre 8-9 mois et allant jusqu'à 2 ans et demi, 3 ans maximum. Parce qu' évidemment, après l'entraînement, on veut que le chien ait une durée de vie de travail raisonnable, acceptable, donc ça peut varier entre ces âges-là. Et puis, comme j'ai dit tantôt, il n'y a pas un chien qui mature pareil, c'est spécifique à chaque chien.
Kamory Keita: Et combien de temps dure la formation?
Jean Brochu: Une fois que le pré-entraînement est fait, qui est de 2 à 4 mois, 5 mois, l'entraînement de base comme Ryan a subi, c'est 10 semaines. 10 semaines, c'est pour une nouvelle équipe, donc nouveau maître, nouveau chien, et deux semaines d'attente. Pour une équipe qui a un chien de remplacement lorsque le chien est retiré ou que le chien a une condition médicale ou un souci au niveau de la performance - parfois le chien est remplacé. On appelle ça une formation de remplacement. Dans ce cas, c'est une formation de 5 semaines parce que le maître-chien a toutes les notions de base, tous les concepts, principes et philosophies d'entraînement.
Kamory Keita: C'est intéressant qu'on revienne maintenant à l'humain. Vous avez mentionné les maîtres chiens. Donc Ryan, ça c'est votre domaine d'expertise. Comment on devient maître-chien?
Ryan Gamble: Pour moi, dans mon expérience, j'avais appliqué sur un concours qui se passe dans la porte d'entrée, donc il fallait que je fasse une lettre, un résumé, pourquoi que je voulais être maître-chien. Après ça, j'ai assisté à une entrevue. Comme maître-chien, il faut être confiant et confortable de parler devant du monde comme ici aujourd'hui parce qu'une partie de notre travail c'est d'informer le monde. Donc quand on fait des démonstrations, c'est sûr que tout le monde veut voir le chien mais c'est aussi important que nous, on informe le monde de qui on parle. Après ça, je pense que la partie du concours qui stresse le monde, le plus souvent, c'est… Il y a deux jours d'essai, on va dire, qui se passent au collège, où les entraîneurs comme Jean et son équipe nous évaluent comme candidats pour voir si on a des qualifications pour être maître-chien. Ce sont deux jours extrêmement intenses. Je pense que beaucoup de monde ne s'attendent pas à qu'est-ce qu'ils embarquent, mais après ces deux jours, je pense qu'on a une bonne compréhension de ce qu'est être un maître-chien. Après que tout ça est fait, s'ils jugent que, oui, vous avez les qualifications pour être maître-chien, il ne vous reste plus qu'à attendre la porte d'entrée pour être choisi pour être maître-chien. Donc ça, c'est le processus dans lequel je me suis embarqué. Après ça, comme Jean l'a dit, ce sont les deux semaines qui commencent, et ça, c'est encore plus intense que les deux jours. Donc ça ressemble à peu près à ça.
Kamory Keita: Si j'ai bien compris, ça prend déjà de la passion pour être maître-chien, pour faire ce type de travail, parce que ça peut être éprouvant. Mais si on aime ce travail, c'est comme une récompense personnelle. Donc maintenant, on a parlé des qualifications, donc je me demande c'est quoi les qualités qu'un maître-chien doit avoir?
Ryan Gamble: Je pense qu'une des qualités qu'un maître-chien doit avoir, c'est quelqu'un qui est athlétique, quelqu'un qui est capable de bouger avec le chien pour exemple, si on est pas - si on bouge pas assez avec le chien, il peut trouver sa place durant la fouille, donc il ne travaillera pas à son potentiel mais si on est engagé avec le chien, on court avec le chien, c'est sûr qu' il va être plus engagé avec nous, plus intéressé dans la fouille et va travailler mieux. Une autre qualité que je pense qu'il faut avoir, c'est de ne pas être trop perfectionniste. Et quand je dis ça, c'est si mettons qu'on fait une fouille et ça va mal, ou de notre avis, ça va mal, on n'a pas vraiment le temps de réfléchir et dire "j'aurais dû faire ceci, j'aurais dû faire ça" parce qu'on ne veut pas que ça continue dans la prochaine fouille. Donc si on réalise que oui, ça a mal été, on peut réfléchir, "Qu'est ce que je peux faire mieux? Qu'est ce que je vais faire mieux la prochaine fois pour améliorer et en fait exécuter dans la prochaine fouille", c'est à notre avantage.
Kamory Keita: Pour du peu que je connais des chiens, ce sont des animaux qui sont très actifs, qui aiment beaucoup jouer. Je me demande, est-ce que jouer et travailler, c'est deux choses qui peuvent être combinées ensemble? Là, je veux m'adresser à Jean. Quelle est la place du jeu dans la formation avec les chiens?
Jean Brochu: Mais c'est drôle que tu me poses cette question-là parce que le jeu doit avoir sa place. Ça fait drôle de dire, comme tu le dis "je travaille", mais le jeu, c'est un travail. Il faut vraiment bien maîtriser ce concept parce que quand ce n'est plus un jeu, c'est là que le chien n'apprendra pas. On utilise cette force là à notre avantage en faisant la sélection du chien, d'avoir un chien qui aime jouer, un chien qui revient à toi, il lâche la balle à tes pieds et en veut encore plus. De l'un, à la sélection, de l'autre, à son apprentissage et ensuite bien fusionné au bon maître, qui comprend bien ces concepts-là. Nous, on donne un morceau ou bloc Lego à la fois lorsque la formation évolue, de une semaine, à deux semaines. Et le maître, il l'applique correctement dans son jeu. Et quand je dis bien le jeu, il faut que ça demeure un jeu. Il faut qu'il y ait beaucoup d'enthousiasme, de timing. C'est très, très, très important parce que le chien va répéter un comportement qu'il a fait de bien, qui a été récompensé dans la seconde. Il va avoir tendance à répéter ce réflexe donc ça devient une mémoire musculaire pour lui et devient rapidement un instinct naturel.
Kamory Keita: Ça c'est très intéressant. Donc si j'ai bien compris, le jeu est essentiel dans la formation des chiens
Jean Brochu: Le jeu, c'est essentiel. C'est une des capacités, des aptitudes qu'on évalue dans les deux jours, comme Ryan l'a mentionné tantôt. S'il y a quelqu'un qui vient pour un - deux jours et il ne peut pas comprendre ce concept-là, il ne peut pas nous démontrer qu'il est capable d'appliquer ce concept-là, mais il ne fera pas un bon maître-chien. Il faut que ça soit quelqu'un qui est capable de démontrer d'être impliqué avec son chien parce que c'est une équipe. Le chien dépend parfois du maître et le maître dépend évidemment du chien pour déceler les odeurs entraînées. Mais c'est une conjonction. Les deux ensemble, il faut qu'ils travaillent ensemble. On appelle ça être capable de danser avec son chien lorsque tu fais une fouille. Évidemment, comme Ryan dit, il faut que le maître-chien ait une certaine dextérité, une certaine coordination pour bien couvrir les fouilles qu'il va faire, que ce soit un véhicule, autour d'un carrousel, un avion, il faut que ça soit fluide.
Kamory Keita: C'est bien intéressant. Maintenant, je me dis, vous avez plusieurs chiens dans votre centre. Comment vous vous dites que ce chien, il va bien avec Ryan? Comment vous jumelez le chien et le maître-chien? Sur quoi vous vous basez?
Jean Brochu: Évidemment, on a un dossier sur le chien et on a un dossier sur le maître-chien parce que le maître-chien, précédemment, avant qu'il ne vienne pour une formation, il est venu 2 jours, donc on connaît ses forces, ses habiletés. On sait où il va travailler, dans quel environnement de travail il va travailler. Et nous, au centre de formation, on a tous les chiens, donc on sait la race, on sait la grosseur du chien, on sait sa capacité, donc on fait un jumelage. Si le chien est plus petit, il va avoir tendance probablement à aller à une frontière, où il va devoir fouiller des endroits plus restreints comme des camions, des véhicules, des espaces un peu plus serrés d'un cargo, dans une cargaison. Si un chien est plus élancé et plus haut sur pattes, on va le jumeler probablement avec une personne dans un aéroportuaire où la contrebande pourrait être dissimulée sur la personne.
Kamory Keita: D'accord. Mais vous m'avez parlé de fouille, maintenant, là, je vais revenir à Ryan, certainement. Ma question c'est, on parle du chien détecteur aujourd'hui, mais qu'est-ce que détecte le chien? Est-ce que vous pouvez me dire quelque chose dessus?
Ryan Gamble: Oui. Les chiens que l'agence emploie ont trois profils, on pourrait dire. Moi, ma chienne Indy détecte drogues, armes à feu. On a aussi des chiens qui détectent des produits de l'agriculture, comme le bœuf, le porc, les produits laitiers. Et aussi je pense, un des plus intéressant, c'est le chien qui détecte l'argent. Pour moi, c'est un des plus intéressant parce que le monde ils vont dire souvent "je veux avoir ce chien-là chez nous".
Kamory Keita: Donc maintenant est-ce que vous pouvez me dire par exemple sur une journée, c'est quoi le travail du chien et du maître-chien? Expliquez-moi un peu une journée typique d'un chien et de son maître.
Ryan Gamble: Donc la première chose que je vais faire, c'est je vais chercher ma liste de vols. Donc avec ma liste de vols, je veux voir quel vol arrive à quelle heure et je vais essayer de faire un schedule basé sur ça. Donc c'est sûr qu'il y a certains vols qui sont plus intéressants pour moi, un chien drogues, armes à feu, que d'autres. Après ça, je dois coordonner avec des équipes à l'aéroport pour travailler avec moi. Tout le monde sait qu'on est toujours plus forts en équipe. Donc si j'ai du support alentour de moi, - maintenant, j'ai une indication où je veux qu'un autre aussi ouvre une valise, j'ai quelqu'un là avec moi et je peux continuer ma fouille avec Indy. Qu'est ce que je cherche dans une journée? A l'aéroport, il y a beaucoup de personnes autour du carrousel, des bagages, des avions, des entrepôts de cargos. De temps en temps, de la poste aussi. Donc vraiment, j'ai beaucoup dans une journée pour me garder occupé.
Kamory Keita: Ryan, merci pour ton explication. Ce que je me demandais c'est des fois j'imagine qu'il t'arrive de changer de place de travail, d'environnement de travail. Est-ce que le chien te suit ou comment ça se passe?
Ryan Gamble: Oui, dans ma région, je travaille beaucoup à l'aéroport, mais je pourrais aussi être appelé dans un environnement cargo. Aussi environnement postal.
Jean Brochu: Si je peux complémenter ce que Ryan vient de dire, pour les chiens, l'environnement terrestre, eux aussi il faut qu'ils demeurent versatiles. Donc dans l'entraînement on habitude le chien à faire des véhicules, à travailler à l'aéroport, des entrepôts au postal. Donc le chien peut être appelé à travailler tout dépendamment des besoins de sa région pour être à la disponibilité des opérations, à la disponibilité des agents qui font des vérifications dans tous les modes de transport.
Kamory Keita: Donc, pour résumer, dans toutes les places, on peut avoir des chiens détecteurs?
Jean Brochu: Exactement, même si un chien n'est pas spécifiquement assigné à un endroit, il y a un protocole ou une entente parmi les bureaux pour faire appel aux services des chiens. Comme j'ai dit tantôt, le chien demeure un outil efficace pour l'examen des marchandises, la rapidité et c'est une façon très intrusive de faire la recherche de la contrebande sur laquelle il est entraîné.
Kamory Keita: C'est très intéressant et je sais que chacun vit en fonction des humeurs du jour. Nos journées peuvent être différentes selon notre humeur, même si on doit garder le même travail. Maintenant au niveau du chien, est-ce qu'il y a une répercussion de l'humeur de son maître sur lui dans le travail qu'il fait au quotidien?
Jean Brochu: Évidemment, le chien ressent les hauts et les bas de son maître. C'est évident. Je peux faire une comparaison avec ça. C'est si je travaille avec un collègue officier et on a tout le temps eu les mêmes sortes d'humeur pendant le dernier mois qu'on était demandés à travailler ensemble et un bon matin je me lève, j'ai des problèmes personnels. Je rentre dans le véhicule d'une façon différente, je lâche un soupir et je ferme la porte du véhicule plus fort que les journées précédentes. Si tu peux te mettre dans les souliers de cet agent-là, c'est sûr que tu vas te demander ce qui se passe. Mais ce n'est pas indifférent pour le chien. Si j'embarque dans le camion et le chien dans sa cage juste à l'arrière de mon siège, et je lâche un soupir et je parle à moi-même, et je n'ai pas fait ça les journées précédentes, le chien va anticiper : "Mais c'est quoi qu'il se passe? Il n'est pas à son normal, il y a une tension dans l'air". Donc c'est très important. Ce sont des choses sur lesquelles on éduque les nouveaux maîtres dans la première semaine de leur formation, pour qu'ils comprennent ces principes-là. C'est une équipe et c'est un membre important de l'équipe, le maître, parce qu'il connaît tous les petits principes. Il connaît les effets négatifs comme les effets positifs que ça peut avoir sur le chien. Donc de fil en aiguille, Si tu n'as pas une prise de conscience de comment tu es et de tes agissements, mais ça peut avoir des effets négatifs sur l'équipe.
Kamory Keita: La question que je me pose en fait aujourd'hui dans votre environnement de travail, monsieur Jean Brochu, quels sont les défis que vous vivez au centre? Et par la suite, je demanderai la même question à Ryan. Quels sont les défis qu'il vit dans son environnement de travail avec son chien?
Jean Brochu: Donc, il y a trois principaux défis qui me viennent à l'esprit au sein de la formation des chiens détecteurs. Le premier, c'est d'avoir une équipe de formateurs soudée, un équipe qui travaille bien ensemble, une équipe qui applique bien les principes d'apprentissage et transmet bien la passion de devenir un futur maître de chien. Le deuxième, c'est de sélectionner des bons chiens de travail, des chiens qui ont le désir, des chiens qui ont les bonnes aptitudes pour faire un bon chien détecteur. Et la troisième, évidemment, c'est de trouver la bonne personne. La personne qui applique pour les bonnes raisons. la personne qui est dédiée à devenir un maître de chien, à être disponible pour tous les agents des services frontaliers, à les aider dans leurs examens et dans leurs fouilles qu'ils ont à faire au quotidien.
Kamory Keita: Ryan, qu'est-ce que vous pouvez nous dire?
Ryan Gamble: Pour moi, je pense qu'un des plus gros défis, c'est de communiquer avec le chien. Le chien a ses propres idées, propres pensées. On ne peut pas lui demander "Pourquoi vous avez fait ci?", "Pourquoi que vous avez fait ça?". Tout est basé sur l'interprétation. Donc, pour moi, c'est un des plus gros défis que je réalise dans une journée.
Kamory Keita: Oui, en gros, le problème de communication avec le chien, qui n'est pas basée sur la parole mais plus sur l'observation. C'est bien ça?
Ryan Gamble: C'est bien ça.
Kamory Keita: Très intéressant. Je me demande en fait, un chien, il n'a pas le même âge que les humains. Mais un chien travaille combien de temps? Il peut travailler jusqu'à quel âge?
Ryan Gamble: Ça dépend du chien. Ils vont prendre leur retraite sur leur 11ᵉ fête, mais ça peut être avant, dépendamment de la condition physique et de la performance.
Kamory Keita: D'accord. Maintenant, on va aller sur le plan du recrutement. Par exemple, si il y a quelqu'un qui est intéressé pour être maître-chien, qu'est ce que vous pouvez lui dire, le conseiller? Je vais m'adresser à Jean, et par la suite Ryan va nous donner son avis aussi.
Jean Brochu: Le meilleur conseil que je peux faire, c'est pour quelqu'un qui serait intéressé par un poste de maître-chien, c'est de faire ses recherches, de faire ses devoirs. Parce qu'il ne s'agit pas juste de devenir maître d'un chien. Il y a tout un ensemble à ça parce que ça va changer évidemment ta vie personnelle, tes habitudes de vie. Donc, s'il pourrait parler à un maître-chien à l'intérieur de sa région, appeler quelqu'un au centre de formation pour se renseigner davantage sur ce qu'englobe le travail d'un maître-chien. Parce que comme je dis tout le temps, c'est comme devenir papa, maman d'un bébé et le chien, évidemment, a des besoins essentiels, des besoin d'encadrement, donc c'est important de savoir, "c'est juste, ce n'est pas juste" le fait de promener un chien du point A au point B, puis le mettre dans ton camion, puis retourner à la maison. Il y a tout un aspect dont on pourrait parler en long et en large, mais je dois laisser plus particulièrement Ryan rentrer un peu dans ce qui l'a attiré personnellement, ce qu'il a vécu. Il a vécu des expériences. Ce n'est pas juste de la gloire, il y a beaucoup de behind the scenes qui doivent être connus des appliquants.
Kamory Keita: Ryan, qu'est-ce que vous pouvez nous donner comme avis ou conseil? Moi qui serai futur maître-chien?
Ryan Gamble: Dans mon avis, ça serait d'apprendre un intérêt dans le programme. Donc si vous, maintenant comme officier, vous avez une référence de chien, que ça soit drogue, arme à feu, argent ou AVA, c'est vraiment prendre le temps de faire un bon examen et de communiquer avec le maître ce que vous avez trouvé sur la personne ou dans la valise.
Kamory Keita: C'est très intéressant. Je vais essayer de résumer un peu. Ça a été un sujet très, très amusant, très édifiant. J'ai appris beaucoup sur les chiens. Donc ce qu'on a tous entendu aujourd'hui, c'est que les chiens ont un sens de l'odorat très, très développé dont l'agence se sert aujourd'hui pour détecter et saisir des produits prohibés qui arrivent à nos frontières. Donc le chien prend aujourd'hui une très, très grande utilité dans le travail d'un agent des services frontaliers. Par la suite, on a appris aujourd'hui que l'essentiel du travail du chien est basé sur l'amusement, sur le jeu. C'est quelque chose qu'on n'aurait pas soupçonné, mais qui est très édifiant aujourd'hui. On sait aujourd'hui que le chien et son maître, en fait, doivent avoir une sorte de complémentarité. C'est beaucoup basé sur l'observation de l'un et de l'autre, parce que le chien peut ressentir l'état de son maître et le maître doit savoir interpréter tous les gestes de son chien. Donc sur ce, je vais remercier Monsieur Jean Brochu et M. Ryan Gamble. Ceci mettra fin à notre balado du jour. Merci, et je vous souhaite une bonne journée à tout le monde. Merci aux auditeurs.