Groupe de discussion des Femmes en défense et sécurité

2021-03-08

Transcription

Photo des panélistes avec le texte « Nos panélistes ».

Ana Maria Coutu, gestionnaire du Réseau international : Bonjour de Chine. Je m'appelle Ana Maria Coutu. Et je suis la responsable du Réseau international de l'Agence des services frontaliers du Canada à Pékin.

Julie Thibodeau, gestionnaire du Réseau international : Beau bonjour de Amman, en cette Journée internationale de la femme. Je m'appelle Julie Thibodeau, je suis actuellement en affectation à Amman en Jordanie, comme gestionnaire du Réseau international pour l'Agence. Je suis responsable de la région qui regroupe l'Afrique et le Moyen-Orient.

Farah Merali, agente de liaison : Bonjour à tous, je suis ravie de faire partie de ce forum. Je m'appelle Farah Merali et je suis actuellement basée à Saint-Domingue, en République dominicaine.

Pascale Trachy, agente de liaison : Bonjour, mon nom est Pascale Trachy, je suis agente de liaison pour l'Agence des services frontaliers du Canada. Je suis postée à Prétoria en Afrique du Sud.

Texte à l’écran, « Quel est votre rôle? »

Ana Maria : Dans ce poste, je supervise une équipe d'agents de liaison dans toute la région Asie-Pacifique.

Farah : Je suis responsable de plusieurs pays des Caraïbes où on se concentre sur l'interception des marchandises et des personnes à haut risque avant leur arrivée au Canada.

Pascale : Une autre de mes tâches importantes est de faciliter le renvoi des personnes qui sont renvoyées du Canada, simplement pour assurer la liaison avec les partenaires locaux.

Ana Maria : Parce que notre mandat est très diversifié. Ce poste peut être très dynamique.

Julie : On a connu une hausse exponentielle des appels des compagnies aériennes en lien avec les restrictions de voyage. Le soir, la fin de semaine, la nuit, le jour, à tout moment, on recevait plein d'appels.

Ana Maria : Un autre aspect de notre travail est d'aider aux grandes évacuations de Canadiens de nos régions respectives en cas d'urgence. Par exemple, l'année dernière, j'ai fait partie d'une délégation de huit personnes envoyée à Wuhan, en Chine, pour aider au rapatriement des Canadiens au début de la pandémie COVID-19. Cette expérience a réellement mis à l'épreuve ma résilience en tant que personne, ainsi que les compétences que j'ai acquises au cours de mes 18 années d'expérience à l'ASFC.

Cela m'a rappelé qu'en tant qu'agente, je dois aussi utiliser mes compétences relationnelles. Bien que ce soit notre travail, nous sommes là pour offrir nos services aux personnes qui ont peur, qui sont fatiguées et qui cherchent quelqu'un pour les ramener chez eux en toute sécurité.

Texte à l’écran, « Défis en tant que femme? »

Ana Maria : Quand nous rencontrons nos partenaires de l'exécution de la loi à l'étranger, il est évident que les femmes sont encore sous-représentées et il arrive que je sois la seule femme dans la salle. J'ai découvert que la meilleure façon de faire face à cette situation est d'être moi-même. Essayez de ne pas faire comme les garçons, mais d'être une voix féminine forte.

Farah : Être une femme travaillant dans le domaine de l'exécution de la loi, et en particulier une femme de couleur, présente des défis uniques. Les pays avec lesquels je travaille sont des sociétés très patriarcales. Ainsi, traditionnellement et historiquement, l'exécution de la loi a été et continue d'être un domaine dominé par les hommes. Si des femmes travaillent dans ce domaine, elles ont tendance à être peu nombreuses et, pour la plupart, à occuper des postes de bas échelon.

Il est difficile de franchir ce type de barrière qui a été littéralement construite par des décennies de tradition et d'histoire, et qui a malheureusement abouti à une structure de pouvoir très unilatérale.

Pascale : Accepter une affectation en Afrique du Sud, un pays à forte criminalité, a été particulièrement difficile pour mes parents. Je ne suis pas ici toute seule. Je suis ici avec ma partenaire. C'est une décision qui doit être prise avec la famille, si quelqu'un n'est pas d'accord à 100 %, ce sera très difficile.

La difficulté venait du décalage horaire, de la perception de la famille selon laquelle vous êtes deux femmes en Afrique. Comment cela va-t-il fonctionner?

Farah : Je me souviens d'un cas intéressant. Il s'agissait de mon premier voyage dans un pays des Caraïbes où je devais donner une formation aux agents de la force publique et rencontrer les hauts fonctionnaires de cette agence.

Le jour de la séance, j'arrive sur les lieux — je commence à tout mettre en place, à m'assurer que tout est prêt à partir. Les agents arrivent petit à petit et environ 10 minutes plus tard, un homme entre dans la salle. Il se dirige directement vers l'avant, dit à tout le monde de prendre place et que, en tant que directeur général de l'agence, il présentera le groupe et dira quelques mots quand le fonctionnaire canadien arrivera. Je lui ai répondu : « Le fonctionnaire canadien est déjà là et, vous savez, c’est moi ».

Bien sûr, la surprise était évidente sur son visage. Il s'est immédiatement excusé et a dit : « Désolé, je pensais que vous étiez assistante, je ne m'attendais pas à vous ».

Farah : Certains diraient que sa réaction était offensante. Je dirais qu'il faut vraiment avoir une bonne compréhension de la culture, des normes sociétales, avant de tirer cette conclusion. Le fait est que dans la société de ce pays, des activités telles que la conduite de formations spécialisées au niveau des experts, le dialogue avec les fonctionnaires au plus haut niveau, la collaboration aux enquêtes sont des activités qui sont généralement menées par des fonctionnaires masculins. C’est ce qui explique ce qui s'est passé.

Ainsi, bien que ce soit un défi, il est important de reconnaître qu'en tant que femmes, nous avons une occasion unique de nous promouvoir dans le domaine de l'exécution de la loi et de sensibiliser à ce sujet les personnes qui ont le pouvoir d'entamer ou de poursuivre ce dialogue au sein de leurs propres organisations. Avec l'espoir d'apporter un changement à ce niveau.

Julie : Un tel déploiement implique un grand chamboulement dans ma vie personnelle, mais je me questionnais aussi sur mes compétences. Est-ce que j'avais ce qu'il fallait pour relever ce défi-là? Et je n’étais pas convaincue non plus du fait d'envoyer une femme.

La raison et le courage l'ont emporté sur le doute.

Je me suis dit, « Julie tu as un intérêt pour les activités à l'international, ces activités-là correspondent à tes valeurs. Tu as toujours eu du plaisir dans tous les mandats de gestion que l'Agence t'a confiés, et oui, tu les as les compétences. » Alors me voici en Jordanie depuis maintenant une année et demi.

Texte à l’écran, « Mécanismes d’adaptation? »

Ana Maria : En tant qu'agente, j'ai des mentors qui me conseillent et me guident quand les temps sont durs. Je puise également dans mon expérience de sœur, d'épouse, de fille, d'amie et de dirigeante pour m'aider à surmonter certains défis.

Farah : Je crois que c'est une compétence que d'être capable de naviguer efficacement dans les normes culturelles et sociétales de façon à briser les barrières et à faire ce qu'il faut pour obtenir ces résultats.

J'ai réussi à le faire avec mes partenaires grâce à l'exposition, la cohérence, la continuité, l'engagement et, au début, ce qui ressemblait presque à me prouver continuellement jusqu'à ce qu'un sentiment de confiance soit établi. Atteindre ce niveau de collaboration avec vos partenaires est vraiment ce qui a fait ce travail est l'une des expériences les plus intéressantes et les plus gratifiantes que j'ai eues avec l'ASFC jusqu'à présent. Cela me donne vraiment envie de trouver les possibilités qui viennent avec le défi.

Pascale : Parfois, je me heurte à des murs, mais je fais ce que je peux et je suis très fière de chaque petit succès que j'ai obtenu, qu'il s'agisse d'un cours que j'ai donné et ces gens me remercient pour les informations qu'ils ne connaissaient pas auparavant et partent maintenant pour devenir des agents de l'immigration qui savent comment rechercher des éléments de sécurité documentaire, par exemple. Je suis très, très heureuse de cela.

Et j'espère que ce type d'information se répercutera sur d'autres personnes au sein de l'organisation et qu'elles pourront transmettre ces connaissances.

Julie : Je ne peux pas parler pour les femmes qui viennent de la région et qui travaillent dans des milieux non traditionnels, parce que je n’ai pas eu l'occasion d'en rencontrer beaucoup.

Pour ma part, j'ai vite compris que les partenaires ici, dans la région que je dessers, comme partout ailleurs, ce qui est important pour eux c'est d'interagir avec des collègues, des partenaires qui sont efficaces, qui connaissent leur business et qui tiennent leur parole.

Ici, les gens ont beaucoup de respect pour la hiérarchie, mais les gens valorisent aussi beaucoup l'expérience et les connaissances et je pense que ça m'a beaucoup aidé à faire ma place quand je suis arrivée.

Je suis d'avis qu'il ne faut pas prendre les gestes culturelles de façon personnelle, dans la limite de l'acceptable, bien sûr. Les gens avec qui on travaille, s’ils nous apprécient vraiment, ils trouvent le moyen, le bon geste qui ne contrevient pas à leur culture ou à leurs valeurs pour nous le faire savoir, nous le faire sentir. Et c'est ces petits gestes-là qui sont vraiment importants.

Pascale : Les cultures sont très différentes. Je me souviens de certaines réunions où l'on parlait de rien qui ne soit lié au travail pendant la première demi-heure, c'est comme ça que les choses se font. Et puis nous arrivons au travail en cours. Les réunions sont donc un peu plus longues, mais c'est un bon moyen de faire connaissance avec la personne qui se trouve en face de vous.

Texte à l’écran, « Conclusion ».

Julie : Prenez le temps de vous inspirer de celles qui ont ouvert le chemin, mais aussi de celles que vous côtoyez actuellement, ou avez eu le plaisir de côtoyer afin de devenir la meilleure personne possible, et non pas le copier-coller quelqu'un d'autre.

Ana : En travaillant à l'étranger, je me rappelle que toutes les femmes du monde n'ont pas la possibilité de réaliser leur plein potentiel, d'être qui elles veulent être ou d'exprimer leurs opinions. Je suis très reconnaissante d'être affectée à l'étranger en tant que femme dans les forces de l'ordre. Cela m'a donné l'occasion de montrer ce que les femmes peuvent faire.

Julie : Faites-vous confiance. Si vous exercez ce type de fonction là, c'est un, parce que vous avez de l'intérêt pour ce type d'activité là. Que ces activités-là correspondent à vos valeurs. Que vous avez du plaisir à gérer ou à appliquer ces programmes-là, mais aussi parce que vous avez les compétences pour le faire.

Texte à l’écran, « Merci à nos panélistes ».

Le texte suivant apparaît à l’écran :
© Sa Majesté la Reine du Canada,
représentée par le ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile, 2021

Le mot-symbole Canada apparaît.

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