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Évaluation du Programme des enquêtes criminelles : Section 3

Constatations de l'évaluation : Utilisation des ressources

Ressources humaines

Constatation 9 : Le nombre de dossiers ouverts par enquêteur varie d'une région à l'autre et dépend du type de dossiers retenus pour enquête. Il faut plus de temps et plus de ressources humaines pour mener des enquêtes de plus grande envergure et plus complexes, ce qui se traduit par moins de dossiers par enquêteur dans certaines régions.

Pour déterminer si les régions ont suffisamment de ressources (c'est-à-dire le bon nombre d'enquêteurs), l'équipe chargée de l'évaluation a examiné le nombre d'indices reçus de 2016 à 2017 jusqu'à 2020 à 2021 par rapport au nombre moyen d'enquêteurs dans chacune des régions. Or, cette analyse est quelque peu limitée, étant donné que le nombre d'indices reçus pourrait ne pas complètement refléter le niveau de risqueNote de bas de page 32 et l'ampleur des travaux pas dossier dans une région donnée.

Comme on peut le voir au tableau 7, le Programme compte une moyenne de 207 enquêteurs par année disponibles pour mener des enquêtes. Le nombre d'enquêteurs affectés par région ne semble pas être lié au nombre d'indices reçus chaque année. Par conséquent, le nombre d'indices par enquêteur varie grandement d'une région à l'autre.

Tableau 7 : Nombre d'indices reçus par année, d'enquêteurs disponibles et d'indices par enquêteur (par région, sur une moyenne de cinq ans de 2016 à 2017 jusqu'à 2020 à 2021)
Région Nombre d'indices reçus par année (en moyenne) Nombre d'enquêteurs disponibles par année (en moyenne) Nombre d'indices par enquêteur par année (du plus élevé au plus bas)
Prairies 526 24 21,9
Sud de l'Ontario 283 23 12,3
Nord de l'Ontario 146 12 11,9
Atlantique 159 14 11,2
Pacifique 353 39 9,3
Région du Grand Toronto 428 48 8,9
Québec 267 46 5,9
Total 2 156 207 10,5

Source : Indices tirés des données du Système de gestion de l'information sur les enquêtes criminelles (SGIEC) fournies par le Programme. Le nombre d'enquêteurs provient du Système administratif d'entreprise (SAE) moins le nombre d'enquêteur en informatique judiciaire (EIJ) fourni par le Programme.

À l'heure actuelle, les régions sélectionnent le nombre de dossiers à ouvrir selon, en partie, le nombre d'enquêteurs disponiblesNote de bas de page 33, ce qui limite certaines régions étant donné que le nombre d'enquêteurs pourrait ne pas refléter le nombre d'indices ou le niveau de risque. Il est donc possible que dans certaines régions, les indices ne fassent pas l'objet d'une enquête en raison d'un manque de ressources et non en raison du bien-fondé de l'indice lui-même.

Comme le montre le tableau 7, la région des Prairies a le nombre le plus élevé d'indices par enquêteur (21,9), tandis que la région du Québec a 5,9 indices par enquêteur, ce qui pourrait signifier un manque de ressources d'enquête dans la région des Prairies. Bien que l'analyse comporte des limites, le grand écart entre les régions laisse entendre la possible nécessité d'examiner la façon dont les ressources sont affectées pour tenir compte des réalités opérationnelles actuelles.

L'examen des données du SGIEC et des Ressources humaines (RH) a également révélé que le nombre moyen de dossiers ouverts par enquêteur varie également d'une région à l'autre (se référer au tableau 8), passant de 4,5 dossiers par enquêteur dans la région du Nord de l'Ontario à 1,3 dossier par enquêteur dans la région du Grand Toronto. Le nombre de dossiers ouverts n'est pas un indicateur de la charge de travail. Cette variation peut résulter des différentes façons dont les régions gèrent leurs ressources. Certaines régions choisissent de se concentrer sur des cas majeurs et complexes et alors ouvrent relativement moins de cas, tandis que d'autres régions se concentrent davantage sur des poursuites dans les ports et alors ouvrent relativement plus de cas. La sélection des dossiers de poursuites portuaires n'est peut-être pas conforme à l'orientation du programme qui consiste à concentrer la majorité des activités sur les cas graves et complexes, pour des raisons acceptables; cependant, des données sur le niveau d'effort ou les heures travaillées sur un dossier sont nécessaires pour déterminer dans quelle mesure cela peut être problématique.

Tableau 8 : Dossiers ouverts par enquêteur par région (moyenne par année de 2016 à 2017 jusqu'à 2020 à 2021)
Région Dossiers par enquêteur (du plus élevé au plus bas)
Nord de l'Ontario 4,5
Sud de l'Ontario 3,6
Atlantique 3,4
Pacifique 2,4
Prairies 2,2
Québec 1,5
Région du Grand Toronto 1,3
Total 2,2

Source : Dossiers tirés des données du SGIEC fournies par le Programme. Le nombre d'enquêteurs provient du SAE moins le nombre d'EIJ fourni par le Programme.

Disponibilité des outils et des ressources

Constatation 10 : L'absence de logiciel de gestion des cas graves (GCG) et de l'utilisation des principes de GCG, les faibles de taux de formation suivie et le manque de soutien administratif pour les enquêteurs ont nui à l'efficacité de la gestion des cas et de l'utilisation des ressources.

Les gestionnaires régionaux passés en entrevue ont noté que le manque de formation et l'absence de logiciel de GCG ont fait en sorte que la résolution des dossiers prenait plus de temps qu'elle aurait dû. D'après les intervenants, l'adoption d'un logiciel de GCG réduirait le temps passé à préparer les éléments de preuve aux fins de communication, puisqu'on diminuerait le besoin d'un suivi et d'un classement manuels des éléments de preuve recueillis. De plus, le Service de poursuites pénales du Canada (SPPC) a expliqué lors du Symposium du SPPC et de l'ASFC de 2022 que la mise en œuvre de principes de GCG liés à la gestion des dossiers améliorerait la planification des enquêtes et la gestion du nombre d'éléments de preuve recueillis, améliorant ainsi l'efficacité de l'utilisation des ressources d'enquête. L'amélioration de l'achèvement de la formation permettrait aux nouveaux enquêteurs d'être à la page plus rapidement et augmenterait la qualité de la planification des enquêtes, ce qui améliorerait davantage l'efficacité.

« Aucun soutien administratif pour accomplir certaines tâches de l'enquête qui devraient être faites par des commis et non des enquêteurs. »

Participant régional

Tous les gestionnaires passés en entrevue ont dit que la quantité de personnel de soutien administratif n'était pas suffisante comparativement à la charge de travail, obligeant les enquêteurs à faire des tâches administratives et réduisant ainsi le temps disponible pour accomplir leurs responsabilités principales et diminuant leur efficacité. Ce sentiment a aussi été exprimé par des enquêteurs de quatre régions dans le sondage. Le manque de personnel de soutien administratif est exacerbé par l'absence d'un logiciel de GCG, augmentant la quantité de travail de bureau nécessaire pour préparer la communication. À l'heure actuelle, seules les régions de l'Atlantique, du Grand Toronto, du Pacifique et du Québec comptent un personnel de soutien aux enquêtesNote de bas de page 34 pour aider les enquêteurs. Le programme a également indiqué qu'il avait besoin d'analystes pour fournir un soutien analytique tactique qui facilitera l'avancement des enquêtes de manière plus efficace et efficiente. Même si le personnel des programmes de l'Administration centrale (AC) étudiait la possibilité de recourir aux analystes du renseignement pour soutenir les enquêtes, cette possibilité était toujours à l'étude à l'achèvement de la présente évaluationNote de bas de page 35.

Les intervenants ont soulevé des préoccupations dues au fait que le manque d'outils et de ressources susmentionné pourrait avoir prolongé le temps de résolution des dossiers. Par exemple, dans le cadre d'entrevues avec l'ASFC et le SPPC, des préoccupations ont été soulevées relativement à la possibilité que des dossiers aient été fermés en raison de la décision Jordan de la Cour suprême du Canada, qui limite la période entre l'accusation d'une personne et le moment où la décision est rendue à 18 mois pour les tribunaux provinciaux et à 30 mois pour la cour supérieureNote de bas de page 36. Par conséquent, s'il s'écoule trop de temps avant qu'une décision soit rendue après la mise en accusation, les procédures doivent être « arrêtées » (arrêt temporaire ou permanent au procès). Étant donné que les enquêteurs peuvent continuer d'appuyer le SPPC dans la collecte d'éléments de preuve après la mise en accusation ou dans la préparation d'une communication, leur rapidité d'exécution pourrait déterminer l'arrêt d'une affaire en raison de la décision Jordan. Alors que, selon les données dans le SGIEC, aucun dossier n'a pas abouti en raison de la décision Jordan, une région a mentionné être au fait d'au moins « quelques » dossiers de la région qui n'ont pas abouti pour cette raison.

Pour valider les perceptions des intervenants selon lesquelles des dossiers pouvaient prendre trop de temps à être résolus, l'évaluation a analysé les données du SGIEC disponibles sur la durée des dossiers résolus (procédures judiciaires terminées). Malgré les limites de l'analyse (se référer à l'Annexe D  Limites de l'évaluation), la tendance globale confirme les perceptions des personnes passées en entrevue. Les données ont montré que de 2016 à 2017 jusqu'à 2020 à 2021), 1 069 dossiers ont été résolus. Tandis que la plupart des dossiers ont été résolus en un an, 43 % des dossiers complexes ont pris deux ans ou plus avant d'être résolus. Ce point est notable, car les dossiers complexes peuvent avoir une plus grande incidence sur la personne visée par l'enquête et présenter un risque plus élevé pour la sécurité et la prospérité du Canada. Lors d'entrevues et du Symposium du SPPC et de l'ASFC de 2022, le SPPC a aussi fait remarquer que les dossiers volumineux et de longue haleine peuvent donner moins de résultats en raison de la grande quantité d'éléments de preuve qui doivent être recueillis et préparés aux fins de communication et du risque que des témoins ne soient plus disponibles au fil du temps.

Analyse comparative entre les sexes plus

Constatation 11 : En raison de la disponibilité limitée des données, il n'a pas été possible d'effectuer une analyse comparative entre les sexes plus (ACS Plus) ou d'évaluer pleinement la façon dont les différents facteurs identitaires influent sur la façon dont les divers groupes sont touchés par les activités du Programme.

La Loi canadienne sur la budgétisation sensible aux sexes (2018) exige que le président du Conseil du Trésor rende publique, une fois par année, une analyse des répercussions des programmes du gouvernement selon le sexe et en matière de diversitéNote de bas de page 37. L'ASFC et d'autres organisations fédérales fournissent au Secrétariat du Conseil du Trésor (SCT) des renseignements sur les répercussions des programmes par l'entremise des tableaux de renseignements supplémentaires (TRS) de l'ACS Plus, contenus dans les rapports sur les résultats ministériels.

Le Programme a signalé dans le TRS 2020 a 2021 sur l'ACS Plus « l'analyse des répercussions de l'ACS Plus est actuellement limitée par la capacité du système à recueillir des données sur l'ACS Plus et à en rendre compteNote de bas de page 38 ». Cette limitation quant aux données a également été mentionnée lors des entretiens menés pour cette évaluation.

Le fait que les données pour l'ACS Plus soient limitées a une incidence sur la capacité du Programme à comprendre comment les différents facteurs d'identité influent sur la façon dont les divers groupes sont touchés par les enquêtes criminelles. L'information sur les enquêtes criminelles est stockée et gérée dans le SGIEC. Les facteurs identitaires comme le genre, l'âge et la race perçue sont présents dans certains cas, mais ils ne sont pas des champs obligatoires. Par exemple, du au  :

  • l'information sur le genre était disponible dans 83 % des cas;
  • l'information sur l'âge était disponible dans 79 % des cas;
  • l'information sur l'origine ethnique perçue était disponible dans 38 % des cas.

L'information sur le genre et l'âge vient généralement des documents d'identité présentés à la frontière, qui ne contiennent pas de données sur la race et l'origine ethnique. Les employés de l'ASFC inscrivent également, dans certains cas, l'origine ethnique perçue du voyageur aux fins de fouilles et d'arrestationsNote de bas de page 39. Les données sur l'origine ethnique perçue qui sont entrées par les agents de l'ASFC sont subjectives et ne sont pas une mesure valide ou fiable pour évaluer les répercussions du programme sur divers groupes de personnes en ce qui a trait à leur origine ethnique. Demander à un agent de déterminer l'origine ethnique d'une autre personne en fonction de leur propre évaluation représente des risques, même si l'intention est de combler des lacunes en matière de données pour faire en sorte que les personnes ne soient pas victimes de discrimination.

Les données qui ne sont pas actuellement recueillies, mais qui pourraient être pertinentes pour l'ACS Plus du programme comprennent les suivantes : le revenu, l'origine ethnique ou la race déclarée et la situation vis-à-vis de l'incapacité. Le fait d'avoir accès aux données adéquates, dans la mesure où elles sont pertinentes et plausibles pour le programme, aidera l'ASFC à satisfaire aux exigences du SCT concernant la Loi canadienne sur la budgétisation sensible aux sexes (2018).

L'évaluation comprenait une analyse de la façon dont le Programme pourrait avoir des répercussions disproportionnées sur certains groupes. En raison du peu de données disponibles sur la race et du fait qu'elles sont enregistrées en tant que « race perçue », l'évaluation ne couvrira pas les résultats spécifiques de l'analyse car cela ne serait pas un reflet exact de l'impact du programme sur divers groupes.

Il est nécessaire de disposer de données plus précises sur l'origine ethnique ou la race des personnes impliquées dans des enquêtes criminelles pour déterminer l'impact du programme sur divers groupes à différents points de décision du processus d'enquête L'analyse croisée des données pour l'ACS Plus et des données sur les caractéristiques des dossiers pourrait également fournir des renseignements quant à l'incidence du Programme sur divers groupes de personnes.

Outre la nécessité de satisfaire aux exigences du SCT en matière de rapports sur l'ACS Plus, il existe des preuves montrant qu'il faudra aussi recueillir au moins certaines données sur la race et l'origine ethnique pour prendre des décisions opérationnelles. Par exemple, la Politique de l'ASFC en matière de poursuites judiciaires énumère divers facteurs à prendre en compte avant de décider d'enquêter sur une affaire, car ce ne sont pas tous les cas de non-conformité qui justifient une enquête criminelle. L'un des facteurs que le personnel du programme est tenu de prendre en considération est l'intérêt public, ce qui suppose de tenir compte de la situation et des antécédents du délinquant, notamment de la victimisation antérieure et des facteurs systémiques dont sont victimes les personnes autochtonesNote de bas de page 40. Actuellement, il n'existe pas de données permettant de s'assurer que la sélection des dossiers tient compte de ces facteurs, car l'origine ethnique perçue n'est pas un indicateur adéquat ou fiable.

Mise en œuvre des recommandations de l'évaluation de 2015

Constatation 12 : Les recommandations de l'évaluation de 2015 du Programme des enquêtes criminelles ont été mises en œuvre; toutefois, il y a encore du travail à faire pour que le Programme soit pleinement profitable.

Dans l'évaluation de 2015 du Programme des enquêtes criminelles, quatre recommandations portant sur trois thèmes ont été formulées : la mesure du rendement, l'obtention de renseignements auprès des autres ministères et l'optimisation de la prestation des services d'enquête en informatique judiciaire. Cette évaluation a permis de déterminer dans quelle mesure ces recommandations ont amélioré le rendement du Programme.

Mesure du rendement

Dans l'évaluation de 2015, il a été recommandé que le Programme des enquêtes criminelles :

  • élabore un cadre de mesure du rendement liant les principaux indicateurs de chaque dossier à toutes les étapes du processus d'enquête :
    • cela doit comprendre les critères pour les divers points de décision.
  • mette en place une surveillance régulière du rendement du Programme en fonction des résultats visés et qu'il détermine si les activités cadrent avec les objectifs du Programme, notamment avec les priorités nationales.

Dans l'évaluation courante, il a été déterminé que le Programme avait réalisé des progrès importants dans ce domaine, mais des rajustements additionnels sont nécessaires. Un cadre de mesure du rendement et des indicateurs de rendement clés (IRC) ont été élaborés en réponse à ces recommandations, et les indicateurs font l'objet d'un suivi régulier par les représentants du Programme. Le SGIEC comprend maintenant des champs pour des points de décision supplémentaires et la justification des décisions, comme recommandé. En outre, un processus d'examen de l'assurance de la qualité a été mis en place pour améliorer la qualité des données, ce qui améliorera la capacité du Programme d'utiliser les données pour la prise de décision. Cependant, comme indiqué à la section 3.3 et à l'annexe D, il est encore possible d'améliorer les données dans ce domaine en faisant de la raison du codage d'un cas « non réussi » un champ obligatoire dans le SGIEC.

Il est également possible d'améliorer le cadre actuel de mesure du rendement afin de mieux mesurer le rendement du Programme par rapport aux résultats escomptés, notamment l'alignement des cas sur les priorités de l'ASFC, la qualité des preuves recueillies et l'utilisation des ressources par rapport à la charge de travail actuelle. Des moyens d'améliorer la mesure du rendement dans ces domaines ont été indiqués dans le présent rapport d'évaluation aux sections 3.1, 3.3 et 4.1.

Certains gestionnaires régionaux ont également exprimé le souhait que le cadre de mesure du rendement permette de recueillir de l'information sur d'autres aspects du rendement, comme la décision de fermer un dossier en raison d'un manque d'éléments de preuve, l'obtention d'autorisations judiciaires et de mandats de perquisition, et l'achèvement des dossiers d'audience. Selon eux, l'issue des dossiers est également influencée par des facteurs qui échappent au contrôle de l'ASFC (c'est-à-dire les décisions du SPPC et des tribunaux) et, par conséquent, des indicateurs connexes pourraient être mieux adaptés pour évaluer la qualité des enquêtes.

Obtention d'information des autres ministères

Dans l'évaluation de 2015, il a été recommandé que le Programme atténue les obstacles à surmonter et surveille les progrès réalisés quant à l'obtention d'éléments de preuve auprès des autres ministères en se servant de la désignation d'organisme d'enquête (DOE).

L'évaluation courante a déterminé que des progrès importants ont été réalisés dans la mise en œuvre de cette recommandation également. Certains gestionnaires régionaux et la majorité des enquêteurs criminels sondés durant la présente évaluation se sont dits satisfaits du processus actuel de communication avec les autres ministères pour demander des renseignements. Lors des entretiens, cinq régions ont fait état de difficultés persistantes pour obtenir des renseignements et des éléments de preuve auprès d'autres ministères, tandis que deux régions ont indiqué que la capacité d'obtenir des renseignements auprès d'autres ministères s'était améliorée au cours des cinq dernières années. Les délais pour recevoir une réponse des autres ministères ont été notés comme une difficulté majeure dans le cadre de l'enquête. Néanmoins, 63 % des enquêteurs criminels interrogés étaient très ou assez satisfaits du processus général de demande de renseignements auprès des autres ministères, et 61 % étaient satisfaits de la rapidité des réponses des autres ministères.

Lors des entrevues, certains gestionnaires régionaux ont mentionné qu'il était difficile de savoir à qui s'adresser dans les autres ministères pour demander des renseignements; par ailleurs, 48 % des enquêteurs criminels interrogés n'étaient pas satisfaits de la clarté des procédures et des étapes nécessaires pour demander des éléments de preuve aux autres ministères.

En réponse à la recommandation faite dans l'évaluation de 2015, le Programme a élaboré un cours sur la DOE, qui explique ce qu'est la DOE, la portée des pouvoirs qui y sont liés et la façon d'utiliser la désignation pour demander des renseignements. L'achèvement de la formation pour le cours en ligne seulement était de 91 % pour les enquêteurs dans leur poste depuis trois à cinq ans, mais seulement de 53 % et de 28 % pour les enquêteurs dans leur poste depuis moins de deux ans, ou plus de cinq ans, respectivement. La participation accrue au cours sur la DOE pourrait permettre de régler certaines préoccupations exprimées par les gestionnaires et les enquêteurs. Cela pourrait se faire par l'entremise de la mise en œuvre de la recommandation, comme énoncé à la section 3.4, en ce qui a trait à l'amélioration de l'achèvement de la formation globalement.

Optimisation de la prestation des services d'enquêtes en informatique judiciaire

Dans l'évaluation de 2015, il a été recommandé que le Programme élabore des options afin de procéder à des enquêtes en informatique judiciaire et d'optimiser l'harmonisation des ressources existantes du Programme à l'appui des exigences en constante évolution, et qu'il mette en œuvre et contrôle les options choisies.

Des progrès ont été accomplis dans ce domaine, mais certaines mesures restent à prendre. En réponse à cette recommandation, le Programme a effectué un examen interne de l'Unité d'informatique judiciaire (UIJ) qui relève de la Division des enquêtes criminelles à l'AC et cerné cinq mesures nécessitant un suivi (se référer au tableau 9)Note de bas de page 41. Deux points ont été achevés, tandis que deux sont en cours de réalisation. Selon les personnes interrogées, par suite de l'examen interne, le retard accumulé par les EIJ a été réduit. Les responsables régionaux interrogés se sont sentis bien soutenus par l'UIJ en termes d'obtention des outils et des formations nécessaires aux EIJ pour faire leur travail. Environ 93 % des enquêteurs criminels interrogés ont également déclaré être très ou assez satisfaits de l'engagement global avec les EIJ dans les régions.

Tableau 9 : État d'avancement des mesures nécessitant un suivi cernées dans l'examen interne de l'UIJ
Mesure de suivi État d'avancement
Créer une politique sur les enquêtes en informatique judiciaire Terminé
Créer des procédures normales d'exploitation Terminé
Créer un cadre de mesure de rendement pour l'UIJ Non terminé
Établir le financement de l'UIJ Inconnu*
Examiner la classification et la dotation en personnel pour les EIJ En cours

*Remarque : L'évaluation actuelle a reçu des informations contradictoires sur l'état de ce point d'action.

Lors des entretiens, trois régions ont fait état de difficultés pour attirer et retenir les EIJ qualifiés afin de gérer le volume de travail. L'UIJ a également parlé de ces difficultés. Actuellement, les EIJ doivent être recrutés à l'interne à partir des postes d'enquêteurs existants, ce qui signifie que le bassin d'embauche des EIJ est limité. L'UIJ examine les solutions de rechange pour le recrutement d'EIJ ou de postes liés au soutien informatique.

Une analyse des données sur le rendement et les ressources humaines des EIJ a démontré que ces derniers offrent des niveaux variables de soutien aux enquêteurs criminels dans chaque région (se référer au tableau 10). Un nombre d'investigateurs par EIJ plus élevé signifie que la région a moins de soutien de la part des EIJ. Une analyse des heures supplémentaires effectuées par les enquêteurs en informatique judiciaire peut également permettre de déterminer si une région bénéficie d'un niveau de soutien adéquat de la part du service d'EIJ – par exemple, la région du Québec où les services d'EIJ soutiennent le plus d'enquêteurs criminels et effectuent le deuxième plus grand nombre d'heures supplémentaires, ce qui pourrait indiquer un besoin de ressources supplémentaires dans cette région.

Tableau 10 : Nombre moyen d'EIJ et d'enquêteurs par région, de 2016 à 2017 jusqu'à 2020 à 2021
Région EIJ Enquêteurs Rapport : nombre d'enquêteurs pour un EIJ (du plus élevé au moins élevé) Heures supplémentaires (mesurées en ETP)
Québec 4,4 46,2 11,5 0,18
Sud de l'Ontario 2 23 11,5 0,07
Région du Grand Toronto 5,2 47,8 9,7 0,27
Prairies 2,6 24,2 9,5 0,11
Nord de l'Ontario 1,6 12,2 8,6 0,10
Pacifique 7 39,2 5,6 0,17
Atlantique 3 14,2 4,7 0,05
Total 27,8 206,8 8,2 0,95

Source : Le nombre d'enquêteurs est le nombre du SAE moins le nombre d'EIJ fourni par le Programme. Heures supplémentaires tirées du MAC.

Il pourrait être possible de partager davantage les ressources d'EIJ entre les régions. Toutefois, cela est actuellement difficile en raison des limitations technologiques qui rendent difficile le partage de fichiers volumineux par voie électronique. [Caviardé].

Conclusion et recommandations

Le Programme des enquêtes criminelles a fait beaucoup de progrès depuis l'évaluation de 2015 et appuie profitablement les objectifs en matière de sécurité publique et de prospérité économique de l'ASFC. Des enquêtes sont menées et les responsables du Programme collaborent avec le SPPC dans le but de tenir les individus et les entités criminellement responsables d'avoir délibérément contrevenu à la législation frontalière et menacé la sûreté, la sécurité et la prospérité des Canadiens. Le programme contribue également à faire respecter la législation frontalière du Canada par la dissuasion, lorsque les procédures pénales (de l'accusation à la condamnation) sont rendues publiques.

Le Programme obtient des résultats positifs, comme le démontre le taux d'acceptation élevé des renvois en vue de poursuite par le SPPC; ainsi que le taux élevé de déclarations de culpabilité à la suite de poursuites en justice. Toutefois, la qualité des enquêtes (c'est-à-dire la mesure dans laquelle les éléments de preuve recueillis répondent à la norme la plus élevée exigée) n'a pas pu être entièrement évaluée à l'aide des indicateurs de rendement et des données actuels.

Des données probantes indiquent que certains aspects pourraient être améliorés au chapitre de la mesure du rendement en ce qui a trait à la qualité des enquêtes réalisées, au respect des priorités relativement aux dossiers et aux raisons pour lesquelles une enquête a été amorcée, mais est abandonnée avant son renvoi au SPPC.

Il serait également possible de permettre aux enquêteurs de mieux comprendre comment tirer parti de l'expertise du SPPC pour améliorer la qualité et l'efficacité des enquêtes.

Enfin, des améliorations opérationnelles, en particulier en ce qui concerne la formation et la disponibilité des outils et des ressources, et une meilleure harmonisation entre la sélection des dossiers et les priorités en matière d'exécution de la loi de l'ASFC, pourraient accroître le recours efficient aux ressources.

À la lumière des constatations et des conclusions décrites précédemment, l'équipe d'évaluation recommande ce qui suit :

Recommandation 1 : S'attaquer aux causes profondes du faible taux d'achèvement de la formation
Le vice-président de la Direction générale du renseignement et de l'application de la loi devrait collaborer avec le vice-président de la Direction générale des ressources humaines pour évaluer les problèmes liés au faible taux d'achèvement de la formation des enquêteurs criminels et élaborer un plan de travail pour combler les lacunes.
Recommandation 2 : Mesure du rendement, notamment en ce qui concerne la sélection des cas et les facteurs de l'ACS Plus
Le vice-président de la Direction générale du renseignement et de l'application de la loi devrait mettre à jour le cadre de mesure du rendement (CMR) du Programme d'enquêtes criminelles afin d'améliorer la surveillance et les rapports sur la sélection des cas, la qualité de toutes les enquêtes, l'utilisation des ressources et les dépenses du Programme, et d'examiner les occasions pour le Programme de recueillir des renseignements fiables sur ses incidences possibles sur divers groupes de personnes en fonction des facteurs d'identité pertinents de l'ACS Plus.
Recommandation 3 : Supervision de l'allocation des ressources par le siège du Programme et coordination du partage d'informations au niveau régional
En vue d'améliorer l'efficacité et d'affiner son rôle de gestionnaire fonctionnel, en plus de ses travaux en cours visant à obtenir un outil approprié de gestion des cas majeurs, le vice-président de la Direction générale du renseignement et de l'application de la loi devrait chercher à mieux comprendre l'affectation des ressources régionales et la performance des programmes associés, et offrir aux régions un forum d'échange sur les approches de la sélection des cas régionaux, l'expertise, les meilleures pratiques et les défis.
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